ZONES HUMIDES: DES MILIEUX À PROTÉGER

 

Les milieux humides sont des terres recouvertes d'eaux peu profondes ou bien imprégnées d'eau de façon permanente ou temporaire. Les principaux types de milieux humides continentaux sont les sources et suintements, les tourbières, les mares naturelles, les landes, les prairies, les fourrés et forêts humides, ainsi que les bordures de lacs naturels, les cours d'eau et les annexes hydrauliques.  Les milieux humides abritent d’innombrables espèces de plantes et d’animaux : 50% des espèces d’oiseaux en dépendent ; ils sont indispensables à la reproduction des batraciens et la plupart des espèces de poissons ; 30% des espèces végétales remarquables et menacées en France y sont inféodées.  (Source: Eaufrance - zones-humides.org) Enfin, ils fournissent un bien précieux à l’homme : l’eau, qu'ils retiennent, permettant ainsi de limiter les inondations; inversement, en période de sécheresse, cette réserve d'eau permet de limiter les étiages.

 Les associations agréées pour la pêche et la protection des milieux aquatiques sont directement concernées par ces milieux qui jouent un rôle primordial pour la vie aquatique. En lac comme en rivière, la reproduction et la croissance des poissons, des insectes et des batraciens dépend de la présence de bordures végétalisées en eau peu profonde. Et pourtant, ces milieux si précieux ont été dégradés, et le sont toujours, par des aménagements à vocation économique: abaissement du niveau des plans d'eau, drainages, suppression de méandres... Leur protection est aujourd'hui un enjeu crucial.  

Zones humides des environs de Clairvaux

Les zones humides des environs de Clairvaux-les-Lacs. Des milieux à réhabiliter et à protéger.

Source: Fédération Départementale des Chasseurs du Jura

Les zones humides sont particulièrement développées à l'ouest du Grand Lac de Clairvaux en raison de la présence de sédiments d'origine glaciaire imperméables. C'est une mosaïque d'habitats particulièrement riches sur le plan floristique et faunistique. Elles sont une réserve d'eau pour les ruisseaux qui se jettent dans l'Ain (retenue de Vouglans). Il est triste de constater que ces milieux sont encore aujourd'hui victimes de pratiques agricoles destructrices: drainages, arrachage des haies et des bosquets encore en place, traitements par des pesticides...

Nous avons pu le constater en 2018 quand l'ACCA locale nous a informés de la destruction par des travaux agricoles d'une vaste surface de prairie humide (plus de 2 hectares) sur le site Le Trichet, à Clairvaux-les-Lacs, hameau de Soyria (Zone humide FM03 sur la carte). Cette prairie humide est une propriété communale utilisée en pâture par un agriculteur. L'enjeu environnemental est important en raison de la présence d'un ruisseau qui rejoint le ruisseau de Soyria, affluent de l'Ain. De nombreux insectes sonr répertoriés, parmi lesquels un papillon dont le cycle de vie est lié à une plante rare présente sur le site, ainsi que 38 espèces d'oiseaux. Le Trichet est également un site archéologique. 

 

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La prairie humide du site Le Trichet à Clairvaux-les-Lacs (Soyria) , un communal dont la vocation est de rester en pâture.

 

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Un spectacle qu'on aimerait ne plus voir: la prairie humide du Trichet détruite sur plus de deux hectares par un labour à la fin de l'année 2018. 

On remarque qu'en labourant cet espace, l'agriculteur a déplacé des blocs calcaires et les a entassés en bordure de la prairie. Certains d'entre eux sont d'origine glaciaire; ils ont été déposés il y a environ 15 000 ans au moment de la fonte du glacier qui recouvrait une partie du Jura et jouent un rôle dans la biodiversité; les arracher est un appauvrissement du milieu. En outre certains sont peut-être des vestiges archéologiques, car le site et ses environs sont identifiés comme une zone occupée dès la Préhistoire. Dans la partie supérieure du champ, on remarque une tombe sous tumulus coupée par le labour.

Après avoir labouré, l'agriculteur a semé une prairie artificielle et répandu du fumier. La végétation de la zone humide a ainsi disparu.

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Août 2019. Prairie humide préservée avec sa flore naturelle dans la partie nord du site du Trichet.

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Août 2019. Partie sud du site du Trichet: mort d'un milieu naturel. La prairie humide et sa végétation ont disparu. A leur place, une prairie artificielle.

Les deux hectares de prairie humide détruits sur le site du Trichet sont une perte importante pour la biodiversité et un mauvais coup porté à la ressource en eau. Les espaces à proximité du site ne sont pas mieux lotis. Le ruisseau subit régulièrement des curages. Il est bordé en rive gauche par plusieurs hectares de terres agricoles exploitées de façon traditionnelle avec recours aux traitements chimiques. il ne faut donc pas s'étonner si les larves d'insectes y sont des plus rares. 

Une procédure judiciaire est en cours en raison de la destruction d'espèces protégées. Il faut espérer qu'elle aboutira et permettra une gestion différente de cet espace remarquable. Il n'est cependant pas possible de savoir si la prairie humide poura renaître après ce massacre.